L’avènement des véhicules autonomes
- Nicolas
- 18 oct. 2024
- 4 min de lecture
Au cours des dernières années, de nombreuses initiatives de véhicules autonomes ont vu le jour. L’évènement récent de Tesla sur le Van et le taxi autonome en est la plus significante démonstration, à défaut d’être la pionnière. Comment ne pas citer Waymo qui offre un service de taxi autonome depuis 2018 dans certaines villes des Etats-Unis, Navia et ses navettes autonomes également déjà en service même si limité à des environnements restreints, ou encore Yutong et son bus autonome qui a lui aussi fait ses débuts à Zhengzhou en Chine. Deux différences majeures entre ces produits déjà sur le marché et leurs équivalents à venir chez Tesla : un look résolument plus futuriste pour les produits d'Elon Musk (alors que les autres ressemblent à s’y méprendre à des produits classiques) et le choix délibéré de faire disparaitre les commandes manuelles traditionnelles.
Au dela de cela, difficile de comparer les modèles économiques et les performances techniques puisque le RoboTaxi de Tesla n’arrivera qu’en 2027 (au mieux) et probablement uniquement dans certaines villes étant donné les contraintes réglementaires qui peuvent exister.

Il est évidemment trop tôt pour savoir comment et quand les véhicules autonomes vont progressivement faire leurs places dans nos sociétés mais l’évolution semble inéluctable tant les bénéfices peuvent être important.
Que va-t-on gagner à passer aux véhicules autonomes ?
0 morts sur les routes. C’est la grande promesse des véhicules autonomes. En France, cela représente plus de 3000 vies sauvées sur une année. La majorité des accidents sont la conséquence d’erreurs humaines (non-respect du code de la route, distraction, consommation d’alcool ou drogue, etc.). Les véhicules autonomes, bardés de capteurs et de caméras, réagissent plus rapidement et plus précisément aux changements de leur environnement. Ils respectent surtout en toute circonstance les règles de conduite (limitation de vitesse, distance de sécurité, priorité, etc.).

Un trafic plus fluide. S’il est difficile de trouver des études précises sur le sujet, les capacités de communication des véhicules autonomes leurs permettent d’adapter leur vitesse pour anticiper une densification du trafic et réduire par la même occasion les bouchons. Les grandes villes avec près de 100km de bouchons quotidiennement sont certainement impatientes de voir ca.
La mobilité pour tous. Les véhicules autonomes vont permettre à tous ceux qui n’ont pas la capacité de conduire en raison de leur âge ou de leur handicap de retrouver de l’autonomie pour se déplacer.
Plus de temps pour faire quelque chose d’utile. Les Français passent en moyenne 5 heures par semaine dans leur voiture. Ce temps consacré à la conduite pourrait être utilisé pour se divertir, travailler ou simplement se reposer.
Le partage de véhicule. Les propriétaires de véhicules autonomes pourraient « partager » leur voiture quand ils n’en ont pas besoin plutôt que de les laisser sur un parking. Concrètement, votre voiture devient un taxi pendant votre journée de travail. La promesse d’une source de revenu supplémentaire pour les propriétaires et un espace urbain à repenser pour tirer parti de la réduction des espaces de parking nécessaire en ville.
Tous gagnants avec les véhicules autonomes ?
Avec des impacts sociétaux aussi importants, il ne peut pas y avoir que des heureux. Chauffeurs de taxi, de bus ou de camions, livreurs sont tous amenés à disparaître si les véhicules autonomes deviennent la norme. Inutile de dire qu’il pourrait y avoir de la résistance face à la menace de voir leurs professions devenir obsolète (d’autant plus qu’ils ont l’habitude de manifester leurs mécontentements avec véhémence). En France, on compte environ 60 000 taxis et presque autant de VTC, 70 000 chauffeurs de bus, 300 000 chauffeurs routiers, 180 000 livreurs.
On peut aller plus loin dans les projections et suivre ceux qui souhaitent un bouleversement encore plus radical de la mobilité. Imaginons la mise en place d’une réglementation imposant que tous les véhicules soient autonomes. A quoi bon conserver des véhicules qu’il faut conduire soi-même avec les dangers et nuisances que cela représente. Un dirigeant de gouvernement ne devrait-il pas décider que tous les véhicules vendus soient autonomes pour le bien de la société ?
Dès lors, il n’est plus nécessaire d’apprendre à conduire et d’avoir un permis pour posséder et circuler avec sa voiture. Le permis « voiture » devient un permis aussi marginal que le permis bateau ou le brevet de pilote, réservé à une minorité de passionnés et/ou fortunés s’adonnant toujours au loisir de la conduite automobile à bord de véhicules « décalés » avec un volant. Les quelques 25 000 instructeurs d’auto-école en France n’ont plus qu’à chercher une reconversion.
Dans un monde ou les accidents de la route sont à ranger dans la colonne des faits divers, un autre secteur qui pourrait être impacté est celui des assurances. Comment justifier des polices d’assurances élevées quand les risques sont inexistants ? Il reste encore les catastrophes naturelles pour sauver le secteur. Un nouvel équilibre devra être trouvé pour s’aligner avec ce changement de contexte (moins de cotisations mais aussi moins de remboursements).

Enfin, le principal secteur à l’origine de ce changement pourrait aussi être le plus affecté. Combien de constructeurs automobiles et équipementiers trouveront leur place dans ce marché bouleversé ? Quelles caractéristiques permettront de distinguer les constructeurs ? De toute évidence, la course à la puissance et aux records n’aura plus sa place. Difficile pour les constructeurs de jouer la carte émotionnelle telle qu’on la connait aujourd’hui. La beauté extérieure aura probablement toujours une place de choix mais c’est certainement l’aménagement intérieur qui fera la différence et le terme de « salon roulant » sera plus vrai que jamais.
On ne peut qu’admirer les progrès techniques que représente les véhicules autonomes et ceux qui ont eu l’opportunité de faire des trajets en totale autonomie ont tous eu la sensation de faire un voyage dans le futur.
Néanmoins, tout le monde n’est pas encore prêt à abandonner les émotions que procure la conduite. Il y a environ 40 millions de véhicules en circulation en France, avec un âge moyen proche de 11 ans. Le basculement vers le « tout » autonome ne se fera pas du jour au lendemain et il est difficilement envisageable qu’il se fasse avant 2040. D’ici-là, les 2 mondes devront cohabiter et, à l’image des débats entre thermique et électrique, les partisans des 2 camps n’ont pas fini de se battre.
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